Un retraite dorée

Une vieille dame de 71 ans devrait être déférée aujourd’hui au parquet de Bobigny en vue d’être mise en examen pour un important trafic de cannabis à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), a-t-on appris de source policière et judiciaire. Le petit-fils de la septuagénaire ainsi que quatre autres personnes devraient également être mises en examen pour des faits similaires. Les six personnes avaient été arrêtées mardi dernier. Elles avaient été placées en garde à vue, prolongée deux fois.

Elle. « Une grand mère arrêtée pour trafic de drogue »

Un gros monsieur âgé avec un galurin et une canne.
Il porte un filet avec des oranges.

« Ah !  Madame Chombier ! Comment ça va madame Chombier ? Ca va bien ? Vous allez voir Roger ? Ah ? Vous en revenez ! Il va bien ? Bon ! Combien il lui reste à faire ? … 4 ans ! Ah oui c’est long. Vous tiendrez jusque là ? Faut dire qu’il y est pas allé de main morte, hein… Non mais le braquage à main armée, je dis pas. Mais la prise d’otages ! Surtout avec une banane… Quand on n’a plus toute sa tête, y’a des choses qu’il ne faut plus tenter à nos âges, mais oui… Même pour arrondir les fins de mois ! Eh oui « Petite retraite, petite retraite… »

Madeleine ? Oui, j’y vais (il montre les oranges).
Ca va. Ca va… Oh, il lui reste 6 mois à tirer, ça va filer vite…  Surtout que le juge veut la laisser sortir en avance… Vous voyez, c’est tout le paradoxe Madame Chombier ! Pour payer les avocats, on a du vendre tous les bijoux de Madeleine et maintenant ils veulent la foutre dehors en lui donnant un bracelet… Non ! Pas en dédommagement, Madame Chombier. Un bracelet avec un bazar électronique dedans pour savoir où elle se trouve. Elle qui comprenait déjà rien à Internet ! Je sais pas ce que ça va donner…

Mais bon, tout compte fait, je préfère ! Vu qu’elle perd la boule, on saura au moins où la retrouver, vous comprenez… Si elle tarde à revenir des courses : hop, un coup de fil au juge et ils me la ramènent dans le panier à salade… Oh ben, je suis d’accord avec vous, mais autant que ça serve ! En plus comme avec sa hanche en plastique elle a du mal à marcher, avec les provisions, c’est pratique…

En même temps, il nous reste plus grand chose pour faire les courses, hein…  Eh oui « Petite retraite, petite retraite…» Heureusement qu’on a le potager ! Enfin… Ce qu’il en reste ! C’est à dire que quand Kevin est venu nous voir et nous a dit « Papy… Toi qui a la main verte… Tu devrais faire pousser autre chose que des tomates.»
Au début j’ai pas compris.

Mais Madame Chombier, quand j’ai vu ce que ses plantes vertes rapportaient, j’ai arraché les légumes et tous les rosiers de Madeleine ! Si j’avais su ça y a vingt ans, pour la haie, croyez-moi, j’aurais planté autre chose que des tuyas !

La prison, moi ? Ah non ! Moi, j’ai rien pris. J’ai tout collé sur le dos de Madeleine. Mais Madame Chombier, de tout manière elle comprend rien : ça fait six mois qu’elle croit qu’elle est en thalasso ! Et qu’elle prend les toilettes de la cellule pour un jacuzzi… Ah évidemment : c’est pas pour rien qu’ils veulent la libérer, vous vous doutez bien.

C’était pas gagné pourtant, mais avec Maître Connard, on a réussi à faire croire que c’est moi qui tenait les livres de compte et que c’est elle qui bêchait le jardin. Mmmh ? Oui : avec sa hanche en plastique ! Que du feu, Madame Chombier, ils n’ont vu que du feu !

Enfin quand elle sortira, si on n’arrive pas à boucler les mois, on pourra toujours faire fondre ses dents. Avec le pactole qu’on avait amassé, on lui avait fait refaire tout le râtelier en or massif. Quand elle a débarqué en taule, vous auriez vu la tête des caïds ! Ils voulaient tous se mettre à son service ! « Le boss » qu’ils l’appellent ! C’est la reine, là-bas, elle a ce qu’elle veut. Ce – qu’elle – veut… Moi je dis rien… A son âge, c’est un peu inespéré d’avoir des esclaves sexuels.

Dites, madame Chombier, je voulais vous demander un service : est-ce que demain, entre 8 heures et midi, vous pourriez être au café en face du Crédit Agricole ? Bon. Parce que j’ai rendez-vous chez le médecin à cette heure là, or depuis une semaine, je note chaque jour l’heure précise du passage des convoyeurs de fond. Vous n’aviez rien à faire ? A la bonne heure ! … Comment ? Bien-sûr, Madame Chombier, bien-sûr: on partage ! 

Psy sexies(t) : tap tap tap, comment vous sentez-vous ?

Ce matin, je me remets le nez dans les liens et j’exhume une adresse qui commence par Blogger… et … mais c’est un de mes blogs ! J’ai rapidement eu envie d’écrire un nouvel article…

D’une part, parce que ce sont mes articles et que, quand même, c’est pas de la merde (un peu d’autosatisfaction ne fait de mal à personne… et comme en plus, je vois bien que vous me lisez, mais qu’aucun ne se risque à commenter, autant m’envoyer des fleurs moi-même)

Et d’autre part, parce qu’après avoir bu 3 cafés, être allé 5 fois dans le réfrigérateur pour voir s’il n’y avait rien de neuf depuis 10 minutes, avoir nettoyé le clavier de mon ordi, avoir tenté de recoller la tringle à rideaux et d’autres choses aussi fondamentales quand une masse de travail vous attend, il fallait bien que je trouve un nouveau sujet de procrastination.

Du coup, je me remets à lire et je me rends compte que je vous avais lâchement largués en pleine saga de ce qui se tramait dans mon cerveau, avec des personnages de -chiatres, de -chologues et de -chothérapeutes aussi hauts en couleurs que l’académie Marvel réunie (mais avec beaucoup moins de pouvoirs pour certains).

Rappelez-vous :
Article 1 : Psy-cause toujours !
Article 2 : Psy bis…
Article 3 : vous y êtes…

J’en étais arrivé à… la femme. Psy Sexies. Et même sexiest diraient certains anglais amis de moi. C’est vrai qu’elle est jeune et jolie, sympa, rigolote. Niveau état d’esprit, on est loin de Lucienne Clothilde Madeleine des débuts.

PREVIOUSLY dans ma life chez les pros du cerveau :

Au cours de ma prise en charge au Grand Hopital Enigmatique Parisien (GHEP), Lili-les-bon-tuyaux me dit en juin : « Devoir de rentrée, listez l’ensemble des événements traumatiques de votre vie ». La bonne blague ! C’est pas les vacances qu’il me faut, c’est une année entière !

Bon, heureusement, en vrai, je n’ai pas tant que ça d’événements importants que j’ai mal digérés. Mais au niveau mémoire et souvenir, je défaille grave. Il est super compliqué d’avoir accès à des souvenirs tout court, j’ai l’impression que j’ai fait des reformatage du disque dur au fur et à mesure. Il me reste de vagues réminiscences, des impressions à l’exception de quelques moments plus douloureux.

Cette obsession de l’exactitude est inutile (et accessoirement agace la psy, qui a bien raison, d’ailleurs car moi-même j’ai déjà du mal à me supporter parfois !) d’une part parce que personne n’a de souvenir qui soient « exact », c’est le vieux problème de « La carte et le territoire », et que d’autre part, on en n’a pas besoin car on travaille sur mon ressenti qui m’est propre et la façon dont tout ceci a mijoté dans ma tête depuis.

A partir de cette liste, Lisa utilise une technique proche de l’EMDR. Je ne vais pas décrire l’histoire et la technique, vous trouverez tout ça ici, en gros…

Il s’agit d’activer alternativement les hémisphères du cerveau pour simuler le même processus qui se déroule durant le sommeil, lorsque les souvenirs sont « digérés » par notre cerveau. On a alors plus facilement conscience des événements traumatiques passés, il est alors possible de les revisiter.

Concrètement, l’activation commence en tapotant alternativement sur les genoux gauche et droit.

Alors bon, après les préliminaires de discussions durant des séances, on s’est attaqué au gros morceau en parlant à mon mini-moi, enfin, mon « moi enfant ».

Rire. Lol. Mdr. PTDR ! Regards désolés en mode « non mais attends chérie, tu crois sincèrement que c’est ce qui va me sauver ? »

— On va essayer, vous voulez bien ?
— Bah…
— Super !

Il y a quelque chose d’énervant chez les gens enthousiastes, c’est leur côté persuasif.

— Alors, concrètement, on va passer en mode hypnose, je vais tapoter alternativement sur vos genoux, vous me racontez votre souvenir traumatique tel que vous l’avez vécu enfant. Ensuite, je vais vous demander de vous localiser dans votre souvenir en tant qu’adulte et de parler à votre « vous enfant » pour le réconforter et lui dire ce qu’il aurait dû écouter à ce moment là. Et puis, si vous le permettez, ensuite je vais me localiser dans votre souvenir, et je vais parler à votre « vous enfant » pour le réconforter.

Rire. Lol. Mdr. PTDR ! Regards désolés en mode « non mais attends chérie, tu crois sincèrement que c’est ce qui va me sauver ? »

— Super, on y va !

Je la déteste.

Alors je raconte ce que j’ai livré ici. Tout pareil, jusqu’à la couleur du carrelage de la salle d’examens, car dans le cas de souvenirs traumatiques, tout est gravé avec précision dans votre tête (et c’est justement ça le problème !). Tout pareil qu’aux autres, je re-re-re-re-re-re-raconte.

Mais tap-tap-tap sur mes genoux.

Et puis, il faut bien que j’y retourne en tant qu’adulte, dans ce couloir. Retrouver le gamin sanglotant sur son brancard seul, puis entouré d’un papa qui fulmine de rage contre le médecin qui le prend de haut tout en marchant sur des oeufs parce qu’il a une blouse blanche (tâchée de mes vomissures)…

Tap-tap-tap sur mes genoux.

Impossible de parler à mon moi enfant, c’est ridicule cette situation. Et puis, bon, quoi dire ? « Désolé mon petit chéri, c’est la vie » ? On dit quoi, déjà, à un enfant ? Comment on lui parle ? Sur quel ton ? Avec quels mots ? Moi qui n’aime pas les mômes, qui suis toujours aussi gauche avec eux, si peu intéressé à ce qu’ils vivent, éprouvent, disent, sont, deviendront… qu’est-ce que je peux me dire à mon moi-même de 14 ans ? J’aurais aimé entendre quoi ? Aucune empathie.

Résultat peu probant. Lili se localise dans mon souvenir et réconforte l’enfant, comme la gentille maman qu’elle deviendra quand son ventre s’arrondira plus tard. Attentive, attentionnée, empathique, avec des mots simples et justes dont je suis incapable encore aujourd’hui (même si je m’améliore un peu). Je n’ai aucun souvenir de ce qu’elle a dit, mais j’en ai retenu la teneur et j’en ai encore la gorge serrée en écrivant ces lignes.

Retour au bureau du service de psy dans ce GHEP (Grand Hôpital Énigmatique Parisien).

Je suis bizarre. Ça va, j’ai l’impression que rien n’a changé et en même temps, il est en train de se passer quelque chose en moi. Fin de la séance, j’ai le téléphone de Lili si jamais je ne me sens pas bien ou si vraiment ça vrille en décompensation. Ça me paraît surréaliste.

Cinq minutes plus tard, je suis assis dans le grand hall en bas, entre un monsieur qui s’accroche à sa sonde urétrale pour tenir le coup (ne pas tirer trop fort) et une groupe de carabins qui boivent leur café qui a le goût du contenu de la poche à pipi du monsieur.

Et je suis Stone (que j’ai toujours préférés aux Beatles). Aussi camé que Jagger, aussi bourré que Richards sans avoir rien avalé ou fumé. Je suis là, entre Black and Blue, Blue and Lonesome, Emotionnal Rescue. Elle m’avait bien dit, Lili, de ne pas prévoir de rendez-vous à suivre et de rentrer chez moi. Je ne suis bon qu’à me lever et rentrer Where the Boys Go. Je me demande un peu ce qui m’arrive car jamais je n’ai connu cet état, une ataraxie qui n’en est pas tout à fait une…

Le soir, impossible d’accéder à ce foutu souvenir. Mon cerveau refuse. Catégoriquement. Impossible de me revoir la salle d’examen, le carrelage, ce que j’y ai vécu. Et c’est pas faute d’essayer. Et je suis bien obligé de constater que le coup du mini-moi et du tap-tap-tap sur mes genoux….
— Putain ! Ça marche ! (et là je l’imagine 🙂
— Super !

Il y a quelque chose d’énervant chez les gens biens, c’est leur modestie.

La séance d’après, elle est heureuse que ça ait marché. Point.

En attendant, je suis scotché. La technique stupide marche : pourquoi est-ce que aucun des autres psys n’avait cet arsenal à sa disposition dans sa boîte à outils de -chologue – chiatre ou de -chothérapeute ? Ça m’aurait fait gagner du temps ! Et le cerveau, c’est vraiment Terra Incognita. On le soigne avec des riens. A condition d’avoir les bons professionnels pour ça. Je regarde toutes les techniques alternatives avec une autre attention…

Le suivi avec Lili s’est espacé un peu, on avait réglé un gros dossier. Les techniques de méditation produisaient un peu leur effet et j’avais entre temps dépassé la période qui m’avait amené à consulter puisque j’avais été greffé et que les ennuis étaient provisoirement — derrière moi (une façon comme une autre de dire qu’ils me suivent comme une ombre tout au long de ma vie).

Et puis surtout, l’administration complètement cinoque et cynique de l’APHP et du GHEP s’est évertuée apparemment à fomenter de sales coups contre les intervenants extérieurs, ceux qui daignent venir pour la gloire la curiosité d’esprit et gagner en un mois ce qu’ils gagneraient en un jour en cabinet. Suppressions sauvages de postes, diminution des amplitudes horaires, suppression des jours de congés sans prévenir personne, surtout les intéressés…

On aurait peut-être du conseiller à l’administration de faire soigner par un bon psy : Lili.

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Cet indice, pour vous qui êtes chez vous… C’est Noël.

Top ! Citation généralement entendue dans l’ensemble des familles française ayant des adultes nés avant la fin des années 50, je resurgis à l’occasion des fêtes de fin d’année et plus particulièrement aux alentours du 24 ou du 25 décembre. Précision emprunte parfois de nostalgie et découlant directement des difficultés d’avant ou d’après guerre, je continue d’être raillée pour le fait d’opposer l’opulence des fêtes d’aujourd’hui aux bonheurs simples d’antan devant un simple fruit : je suis je suis je suis ? (Chiaaaant !)

« Moi, de mon temps, à Noël, on avait une orange ou une mandarine emballée dans du papier de soie et ça faisait bien l’affaire. »

Envoyez les violons !

Cette année encore, si ce n’est pas déjà fait, dans des milliers (des millions ?) de foyers, on va encore entendre prononcer cette phrase magique. Alors prenez les devant : comme vous ne savez pas quoi offrir à vos parents et grand-parents, clouez-leurs le bec une bonne fois pour toute en la leur offrant cette putain d’orange emballée d’un papier de soie.

Depuis le temps que vous nous bassinez avec ça, CA Y EST : VOUS L’AVEZ votre putain d’orange !!!

Ne me remerciez pas.

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Une histoire pour tout le monde !

Il était une fois quatre individus qu’on appelait :

Tout le monde
Quelqu’un
Chacun
Et Personne

Il y avait un important travail à faire
Et on a demandé à Tout le monde de le faire.
Tout le monde était persuadé que Quelqu’un le ferait.
Chacun pouvait l’avoir fait
Mais ce fut Personne qui le fit.
Quelqu’un se fâcha car c’était le travail de Tout le monde ! Tout le monde pensa que Chacun pouvait le faire Et Personne ne doutait que Quelqu’un le ferait. En fin de compte, Tout le monde fit des reproches à Chacun parce que Personne n’avait fait Ce que Quelqu’un aurait pu faire

MORALITE :
Sans vouloir engueuler Tout le monde
Il serait bon que Chacun
Fasse ce qu’il doit
Sans nourrir l’espoir que
Quelqu’un le fera à sa place
Car l’expérience montre que
Là où on attend Quelqu’un
Généralement on ne trouve « Personne ».

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Psy, Psy bis, Psy ter, Psy quater, Psy quinquies, Psy sexies.

Pour ceux qui prennent l’histoire en route, pour une fois c’est simple : il suffit d’aller pêcher l’article précédent

PREVIOUSLY dans ma vie de merde, après avoir déjà essayé deux psys et avoir abandonné…

J’oublie dans le précédent article de mentionner rapidement les visites impromptues de la psy « ter » qui venait me voir en réanimation. Va parler à un psy avec un trou dans la trachée, hein !

J’écrivais sur une ardoise, et mal, parce que mes mouvements ressemblaient un peu à ceux de Mike Tison quand on lui demande de sucrer les fraises. Devant mon désarroi de subir ce traitement post-op’ dégradant qui se prolongeait comme je l’avais tant redouté, les pilules pour voir en rose sont arrivées par la sonde de gavage sans tarder…

Je dois dire que j’ai assez peu de souvenir de cette psy, juste que son regard me renvoyait plutôt un sentiment de pitié que de simple compassion. Son écoute avait quelque chose de dérangeant, je ne saurais tout à fait dire pourquoi. Je ne dis pas que c’est la réalité, loin de là, et quand on sait dans quel pays je croyais me trouver – l’Australie – on met beaucoup de bémol sur mon équilibre mental d’alors, complètement shooté à la morphine ! Sans doute n’étais-je pas non plus dans des dispositions qui me permettait de recevoir correctement l’empathie dont elle faisait preuve, qu’elle ait été feinte ou non.

A cette époque, comme mes parents traversaient une période difficile pour leur couple, tant la tension était grande à cause du pronostic vital me concernant, cette psy leurs avait également proposé ses services. Sans beaucoup plus de succès d’après ce que j’en ai compris après. Question de méthode, morosité familiale ou rejet de la psy par tout le « clan » des trois ?

ELLIPSE.

Nous sommes donc quelques années après ma greffe foie-poumons. Oui : poumons avec un S car j’en ai eu deux pour le même prix. J’ai une carte vitale VIP plaquée or, cherchez pas ! (Nota bene : au prix que ça coûte au kilo et vu qu’on peut sauver deux personnes avec le même donneur, maintenant, ils préfèrent ne vous en filer qu’un la plupart du temps !) J’ai repris une activité professionnelle. Plus exactement, j’ai préféré changer de métier, je me suis mis à écrire.

Un sentiment inconnu et vertigineux s’empare alors de mézigue, lorsque je constate le temps qui s’offre à moi désormais. Je renoue avec un merveilleux objet qui s’appelle un agenda. Je peux pousser l’audace jusqu’à prévoir des vacances ou des rendez-vous 6 mois à l’avance ce qui n’était plus arrivé depuis des années. Un vrai changement !

Et cette capacité à me projeter dans l’avenir est sans doute ce qui me permettra bientôt de tomber amoureux. (Excusez la concordance des temps dans le récit mais les allers-retours dans le passé, l’histoire qui se continue dans le présent, et le fait que je change de point de vue selon que je me projette ou dans à l’époque du récit complexifie un peu les choses…)

Bref, tout semblait aller de mieux en mieux. A cette époque, malgré toutes les difficultés, le suivi, les angoisses, et j’en passe, je n’ai jamais été aussi en forme. Peut-être pas de toute ma vie, mais depuis un bail. Je fourmillais d’idées et de projets qui me permettraient de rattraper le temps perdu et j’avais eu la chance de connaître un premier succès en travaillant comme scénariste tv.

Donc quand le héros de l’histoire vit une période faste et d’accalmie relative, ça devient chiant dans le film…

Vous les sentez venir les emmerdes ?

A ce tableau idyllique, il y a un bémol : des reins en mauvais état. Le fruit de nombreuses années de cures antibiotiques avec des produits pour tuer un éléphant. Le fruit de déjà 5 ans d’anti-rejets et autres médicaments néphro-toxiques. Le fruit du diabète aussi. C’est moi ou ça sent le roussi ?

Je fais de l’hypertension car mes reins n’éliminent pas autant qu’ils devraient. On me pique à l’EPO parce qu’ils n’en produisent pas assez. Je commence à avoir des œdèmes et différents problèmes qui ne laissent plus place au doute : il faudra dialyser après avoir créé une fistule. Puis greffer d’un rein. Donc à nouveau s’engager sans tarder dans un parcours pré-greffe, puis l’attente, la greffe, le suivi. Même si ce genre d’opération est une formalité quand on a connu ce par quoi je suis passé avant, le retour à cet état de dépendance et de santé qui se dégrade me pousse à tomber dans les bras du premier psy qui passe par là.

Cette fois, je n’attends pas. Je veux consulter et qu’on me colle au Stablon histoire de passer le cap en douceur. C’est le début d’une re-consultation de -chologues ou de -chiatres.

Je vois Doc Brown qui est un chercheur en science de la boîte crânienne et qui veux démontrer que la dépression c’est pas bon pour la santé. Genre quand t’es très très déprimé, tu ouvres la fenêtre de ton bureau chez Orange et tu sautes du 20ème étage. Donc c’est pas bon pour la santé, ni pour l’émail des dents. T’as vu ? Bon donc, direction le psy…

Alors je me re-raconte. De l’enfance à maintenant. En long, en large et en travers. Je raconte les souvenirs les plus douloureux comme les moments de mieux. Et quand ça va pas, j’ai des pilules.

Quand le -chiatre est appelé vers d’autres missions, parce qu’il cherche toujours à protéger l’émail des dents des gens qui sautent (ce sont les joies de l’APHP : il y a aussi du turn-over…), il botte alors en touche vers un autre -chologue.

Je vois donc le jeune docteur Smala, qui est juif tunisien avec un joli prénom romain. (Je suis bien polonais avec un prénom romain — Ils font chier tous ces étrangers qui viennent manger le pain des français — TA GUEULE ! Voilà.) Il a quelque chose d’un présentateur télé très chevelu qui fait deviner des mots en morceaux dans le poste. Smala est aussi un -chiatre, chef de clinique c’est à dire qu’il est obligé d’écouter mes conneries à l’hosto le temps de se tirer de là pour ouvrir son cabinet en ville (ou qu’il puisse chopper un poste ailleurs)…

Alors je me re-re-raconte. De l’enfance à maintenant. En long, en large et en travers. Je raconte les souvenirs les plus douloureux comme les moments de mieux. Tout pareil. Et quand ça va pas, j’ai des pilules.

Quand le -chiatre est appelé vers d’autres horizons, son clinicat se termine – c’est la quille ! – le doc changeant d’hôpital, il botte alors en touche vers une autre -chologue.

Je vois donc le docteur Lili-les-bons-tuyaux. Qui en plus est -chothérapeute. Chouette. J’ajoute illico sa vignette à mon album Panini des « Spécialistes vus ».

Alors je me re-re-raconte. De l’enfance à maintenant. En long, en large et en travers. Je raconte les souvenirs les plus douloureux comme les moments de mieux. Tout pareil… et là vous commencez à vous lasser, moi aussi. Sauf que. Déjà, j’ai pas de pilules !

Et surtout : sauf que pour la première fois, je tombe sur quelqu’un qui me fournit de vrais outils et qui m’apprend à piloter mon cerveau. Notez que j’étais déjà dans la recherche de solutions en explorant la PNL et ce genre de disciplines, mais sans véritablement de succès.

Avec Lili, je dispose assez rapidement de conseils et de méthodes qui changent vraiment mon quotidien. Le simple fait d’apprendre à reconnaître les pensées automatiques (« c’est toujours sur moi que ça tombe » ; « je suis vraiment nul » ; etc.) qui vous viennent et empoisonnent votre moral, alors qu’elles ne reposent sur aucun fondement et ne sont pas du tout des évaluations objectives de la situation, c’est déjà un changement.

En abordant la thérapie des schémas comportementaux, en usant d’EMDR et de plein d’autres trucs dedans  c’est comme les yaourts avec des morceaux de fruits à l’intérieur  — ou en me faisant suivre un protocole de pleine conscience, je peux dire que ma situation n’a jamais autant évolué, que durant l’année qui vient de s’écouler.

Comme elle le dit elle-même « c’est pas conventionnel mais c’est ma tambouille à moi »… C’est vous dire la chance que j’ai d’avoir une psy qui est capable de vous servir des cocktails de trucs dont t’as même pas idée. Un fond de thérapie cognitive et comportementale, une grosse tranche de protocole de méditation, puis un gros zest d’EMDR et quelques cuillères de thérapie des schémas avec. J’ai avalé le tout en me pinçant le nez, mais ça n’était finalement pas si dégoûtant.

Et franchement, me mettre à la méditation n’était pas gagné d’avance, ce fut pourtant une vraie révélation.

Mais je ne voudrais pas que les psys précédents aient l’impression d’avoir servi à rien : ils étaient là au moment où il le fallait pour passer des caps difficiles. J’avais besoin d’une béquille pour continuer à avancer. Ou pour me remettre sur pied en usant parfois de molécules chimiques.

Bref, il m’ont permis de me tenir et de ne pas m’effondrer.

Mais Lili me propose d’autres approches qui me laissent à penser que je pourrai un jour remarcher sans béquille du tout. C’est autrement plus positif.

Par ailleurs, je suis acteur de cette thérapie, et non plus un récitant passif de mon vécu qui ne mène à rien d’autre qu’une séance suivante et ainsi de suite. A présent, j’arrive en séance avec un réel appétit pour ce que l’on va entreprendre et je suis tout déçu quand un rendez-vous est annulé pour raison d’agenda.

Le moment le plus étonnant, le plus déroutant, le plus scotchant de cette suite de rendez-vous est incontestablement ce que nous avons accompli sur THE traumatisme que je trimbalais depuis mes 14 ans, vous savez… Mais siiiii : les souvenirs les plus douloureux. Vous voyez, on y revient ! Oui, mais justement, cette fois : pour ne plus y revenir.

Et je vous raconte pourquoi dans le prochain épisode avec Lili-les-bons-tuyaux. 🙂

Flux

Psy-cause (toujours !)

Je vis une révolution. Si si. Pas moins : j’ai rencontré une femme…
(choeur grec des lecteurs hétéros 🙂 – QUOI ? ALLÉLUIA ! GLOIRE A ZEUS ! MAZELTOV !
(choeur grec des lecteurs homos 🙂 – QUOI ? SALAUD ! TRAITRE A LA CAUSE ! ENC…
Non holà ! Holà ! Ce n’est pas ce que vous croyez !

J’ai rencontré une femme psychologue qui a changé vraiment le cours des choses et pour tout dire, qui m’a aussi fait un peu changer mon point de vue sur sa discipline… Du coup, avant de vous parler de Lili-les-bons-tuyaux, je suis obligé de vous refaire un peu mon parcours avec les pros du cerveau…

C’est pas un bon cliffhanger, ça ? C’est de la tension narrative où je ne m’y connais pas !

EPISODE 1 (avec plein de digressions dedans, comme d’hab.)

J’ai commencé à rencontrer ma première psy alors que j’étais encore en pédiatrie, mais assez tard, après avoir dépassé la vingtaine (alors que ma muco a été diagnostiquée à 14 ans pour ceux qui n’ont pas lu les épisodes précédents.). A l’époque, un moment de l’histoire où CRCM ne faisait pas encore parti de notre vocabulaire, comme beaucoup de malades je continuais en effet à être suivi par mon pédiatre hospitalier.

Donc, on peut s’imaginer aisément que lorsque la psy du service (appelons-la Madeleine, car elle avait au moins l’âge de s’appeler Clothilde, et je suis gentil)  sort d’une séance houleuse avec Kevin, 5 ans (charmant bambin qui refuse obstinément de dessiner un arbre sur la feuille parce gribouiller au marqueur indélébile la blouse blanche de la psy et sa paire de souliers en nubuck so chic de chez Mark&Spencer’s, c’est plus rigolo car elle devient toute rouge et crie très très fort) et qu’elle voit débarquer un grand dadais d’environ 22 ans qui lui balance dans la tronche d’emblée  » Ma vie c’est que de la merde, je suis malade, j’ai aucun avenir en plus je suis péday ! J’ai envie de mourir ! », ça devient un tantinet un peu plus compliqué pour elle !

Parce qu’à priori, Kevin il a pas déjà échafaudé dans sa tête un plan pour se supprimer sans faire tache dans le salon familial (ou ailleurs). Kevin, il n’a pas prévu de prendre une chambre dans un hôtel miteux pour jouer à Claude François dans son bain histoire de disparaître rapidement et sans douleur. Or, moi, si. C’est même très clair dans ma tête sur les conditions d’exécution du plan. Quand. Pourquoi. Le stade de l’insupportable qui me fera dire adieu. J’ai déjà rédigé des lettres d’explication par avance à mes parents, à mon meilleur ami.

La responsabilité d’un fils unique vis à vis de ses parents qui ont déjà connu le drame de perdre un enfant auparavant, restait encore le seul obstacle à la chose…

Donc la première psy commence à marcher sur des oeufs et me demande de compléter un tableau avec deux colonnes pour lui indiquer ce que j’aime bien dans ma vie (la liste est courte) et ce qui m’empêche de dormir (la liste est longue). Fin de la première séance. Devoirs à compléter pour la séance suivante. Voilà.

Autant dire que cet exercice, au milieu de la salle de consultation encombrée de doudous qui font pouic-pouic quand on marche dessus et de toises pour enfants en forme de girafe d’1 mètre 20, ne m’a pas laissé de grands souvenirs. Et après deux séances du même topo, je n’ai pas repris de rendez-vous.

ELLIPSE. 5 ans plus « tare ». Je traîne toujours un mal-être qui s’est encore amplifié. Je suis toujours seul, sur le plan sexuel, les expériences ne sont pas légion (les joies de la province au temps du minitel, ou presque). Sur le plan affectif, j’ai eu des histoires avec des petits copains mais quelque chose en moi n’aimait pas qu’on s’attache à la personne que j’étais. Aucune de ces relations n’a vraiment réussi à me sortir de mes ruminations morbides même si elles furent de belles récréations. Et que j’y ai gagné des amis qui le sont restés.

Petit à petit, ma situation se dégrade et avec ce qu’il faut bien appeler une dépression sévère.
Il y a de quoi : 2003, c’est un peu l’annus horribilis ( — C‘est une position du Kamasutra ? Non, c’est du latin, connard !). Licenciement. Je deviens insulino-dépendant. Le retour chez mes parents, fin de la parenthèse parisienne, je suis trop fatigué, je n’ai plus d’appartement. Et plein d’autres joyeusetés médicales. L’avenir n’est plus. Je vis au jour le jour.

Je demande à re-consulter. Cette fois, je suis adressé à un service psy de l’hôpital. Je refuse de prendre les benzodiazépines qu’on me prescrit. En fait je n’ai envie de rien à part changer de vie d’un coup de baguette magique (je n’ai toujours pas totalement abandonné ce monde onirique où tout va bien pour moi, merci ! Quoi ? Maladie ? Connaît pas, je suis président de la République, d’abord !) ou bien, mettre un terme à tout ceci, avec le regret, malgré tout, d’abandonner ceux que j’aime, à commencer par mes parents et une poignée d’amis.

A cette époque, je dis à ma psy :
 Venir ici, c’est comme apporter un sac d’ordures que je vide, on observe les déchets ensemble. Et je repars avec le sac vide pour le remplir à nouveau.

Je ne peux pas dire que l’effet n’ait pas été bénéfique, cela m’a permis sans doute de lâcher un peu de pression. Il n’empêche que j’ai à nouveau laissé tomber ce suivi, parce que j’avais l’impression que personne ne pouvait grand chose pour ma pomme.

Sans doute faut-il voir là la raison qui a fait que j’ai refusé la première occasion d’être greffé. Il faut dire que la préparation à la greffe est quand même assez mal faite dans l’ensemble, car il semble que le personnel médical parte du principe que c’est gagné d’avance, et que vous sautez de joie à l’idée d’y passer. Erreur. Pas dans mon cas

Au deuxième appel, je suis entouré de ma kiné et de mes parents. Il est plus compliqué de regarder tout ce monde dans les yeux pour dire qu’on n’a pas envie d’y aller. Et puis après tout, foutu pour foutu, dans l’état où j’étais, je ne donnais pas cher de ma peau sur la table d’opération.

RE-ELLIPSE. Cette fois je suis greffé. Après presque quatre semaines de coma au pays des kangourous, je me réveille péniblement. Du coup, j’ai le droit à être shooté d’office au Stablon, un régulateur de l’humeur plutôt qu’un anti-dépresseur.

Mais il fait merveille sur moi. Je retrouve le sourire. L’envie d’avancer. Et ma sortie de l’hôpital aidant, la forme revenant, je retrouve un appétit de vivre qui contrebalance un peu toutes les servitudes et les doutes quand à l’avenir, la détestation de mon corps charcutés, balafrés, amoindri. Après quelques mois, on arrête le Stablon, et la vie reprend le dessus.

Toutefois, dans mon histoire, comme les joies sont de courte durée, il nous faudra bien arriver à l’épisode 2 😉

COMING-NEXT : dans le prochaine épisode, le Toinou se retrouve à nouveau au fond du gouffre mais maintenant, il sait quoi prendre !

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JDCJDR !

J’ai remarqué souvent que les gens qui sont en retard sont de bien meilleure humeur que ceux qui ont dû les attendre.

André Roussin 
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Tu causes plus ?

J’ai un baobab qui me pousse dans la paume de la main. 🙂
Hypertrophie pileuse du métacarpe droit.

Bref, c’est vrai que j’ai un peu laissé de côté mes blogs. Mais bon, l’envie de bloguer est cyclique et quand je passe déjà ma journée à écrire (quand je ne glandouille pas), je n’ai plus forcément envie de mettre du jus de cerveau sur un blog. Ceci dit, il faut que je m’y remette car il s’est passé plein de choses passionnantes depuis quelques mois…

Coming-next : Comment Lili-les-bons-tuyaux a changé ma life. Stay tuned…

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Motivation

Au travail , chaque semaine je donne 100 % de moi-même…

LUNDI : 10%
MARDI  : 42%
MERCREDI : 28%
JEUDI : 15%
VENDREDI : 5 %
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TOTAL = 100%

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